Journal "Le Soir" - page 15 - lundi 29 mars 1999 - Thierry Vanderhaege

MONS Son band sera au festival du New Orleans Albert Langue dans le fief de Bechet

Les amateurs de jazz ne sont pas nombreux mais ils sont fidèles, affirment les connaisseurs. A 78 printemps passés, la fidélité, Albert Langue connaît, lui qui souffle dans sa trompette depuis... depuis quand au fait? La question demeure pratiquement sans réponse. On se souvient juste que le jazzman, Montois de pure souche, s'entraînait déjà au demi-piston bien avant la guerre tout en se piquant d'imiter le grand Louis Armstrong.

Nouveau bonheur pour le maître: le 30 avril prochain, il se produira avec son inusable formation, les «Dixies Stompers», au 30e Festival de jazz de la Nouvelle-Orléans. Ce retour aux sources se double d'un véritable privilège: Albert Langue, Franz Fievez (piano), Léon Vandeputte (basse), Fabien Levèque (batterie), Jacques Doudel (sax soprano) et Jan Debacker (trombone) seront les premiers Belges à être du festival louisianais.

C'est un fax tombé chez le premier qui l'avertit de l'aubaine: Notre présence là-bas est due à un concours de circonstances mais notre concert de novembre à Sefton, en Angleterre, a sans doute joué un rôle non négligeable dans cette flatteuse invitation, explique le trompettiste. Ce jour-là, la présence de quelques organisateurs du festival américain parmi l'assistance fut même déterminante pour les «Dixies Stompers», spécialistes du dixieland - un style de jazz né dans le sud des Etats-Unis d'une combinaison de ragtime, de blues et d'airs de parade.

Les dieux du jazz savent pourtant s'il faut jouer... des coudes pour pouvoir accéder au saint des saints: entre 150 et 200 orchestres US se pressent chaque année aux portes de la Nouvelle-Orléans, ville de l'immortel Sidney Bechet que l'ami Langue a par ailleurs souvent accompagné dans les années 1950. Seuls cinq combos étrangers sont admis au prestigieux festival: cette fois, les «Dixies Stompers» montois seront du nombre.

Et la Maison du jazz? Le projet est à l'étude depuis trois ans. Cette maison était censée assurer la promotion des nouveautés et abriter des collections de disques et de CD. L'artiste Langue avoue, hélas, se heurter aux méandres de l'administration: J'ai le contrat de bail posé sur mon bureau depuis six semaines et nous disposons des fonds nécessaires, mais j'hésite toujours à signer le document. A la différence de sa consoeur liégeoise qui fonctionne à merveille, la Maison du jazz de Mons (qui devrait occuper la conciergerie de la Machine-à-Eau) semble attendre son heure: peut-être après certaines échéances électorales...